Du 17 juillet au 23 juillet 2009, nous sommes partis en mission en Bosnie-Herzégovine. J'y étais avec un membre d'EH, Pierre-Larry Pétrone, jeune photoreporter et coordinateur pour notre ONG.
Pendant cette période le groupe Eyedea a annoncé que sa filiale Eyedea Presse, et donc l'agence photo Gamma, a déposé le bilan devant le tribunal de commerce de Paris. Elle a été placée en redressement judiciaire, avec une période d'observation de six mois. Raymond Depardon, cofondateur de Gamma, et Stéphane Ledoux, PDG du groupe Eyedea, qui coiffe aujourd'hui l'agence, donnent leur point de vue sur sa déconfiture.
Aujourd'hui membre de la coopérative Magnum Photos, Raymond Depardon, 67 ans, a cofondé en 1966 Gamma avec notamment Gilles Caron (disparu en 1970 au Cambodge), avant de la quitter en 1979. Raymond Depardon rapporte que : « Il y a longtemps que Gamma est morte. Au moins depuis les années 90 et l'arrivée du numérique, qui a nécessité des investissements colossaux. Depuis, l'agence est en sursis, l'évolution du système ne lui permet pas de rester en vie. »
Stéphane Ledoux, le PDG du groupe Eyedea, créé fin 2006 par le fonds Green Recovery au moment du rachat des agences et fonds de Hachette Filipacchi explique : « Eyedea Presse n'est pas structurée pour répondre à son marché. Produire des photos avec des photographes salariés coûte aussi cher qu'avant, alors qu'en face les clients achètent moins, et moins cher. »
Dans ces conditions, faire du « news » (c'est-à-dire couvrir l'actualité chaude d'une manière exhaustive) n'est plus possible pour Gamma et ses quatorze photographes salariés, affirment les deux hommes. « Nous ne sommes pas l'AFP », dit Stéphane Ledoux.
Les acheteurs des photos d'agence -les journaux et magazines- pâtissent de la crise de la presse, et d'un autre phénomène, selon Raymond Depardon : « Des financiers sortis des grandes écoles sont arrivés à la direction des groupes de presse. Ils ont vu que certains reportages était facturés 50 000 euros, ont demandé pourquoi. On leur a répondu que c'était une exclusivité, qu'elle avait demandé des semaines de travail. Ils ont demandé : “Et le tarif syndical, c'est quoi ? ” On a répondu : “5 000 euros.” Ils ont dit : “On n'a qu'à payer 5 000 euros.” »
Il est vrai que partir faire des reportages photos n'est plus rentable face à la crise de la presse écrite. La solution pourrait exister en travaillant avec des ONGs ou via la presse en ligne. Il est vrai que les salaires ne seraient plus les mêmes.
Pour notre part, notre mission en Bosnie nous a permis de voir et de rapporter ce qui se passe, puis ce qui risque d'arriver dans un proche avenir. Un ami photographe me disait: pourquoi vas-tu en Bosnie ? le conflit est fini ! Oui, certes, mais les problèmes ne sont pas résolus pour autant. Nous tenions à le rappeler. Les nationalismes risquent de se réactiver, si l'Europe ne met pas les moyens pour aider la Bosnie. Les stigmates de ce conflit sont toujours visibles à Sarajevo ou ailleurs : maisons criblées d'éclats de mortier, maisons en ruine ou abandonnées, un chômage de 40%, un seuil de pauvreté qui atteint 20 %, des terrains encore minés... Dans le prochain numéro de ce journal, nous mettrons en ligne le rapport de mission. Il permettra de mieux comprendre ce conflit oublié, ses origines et ce pays dont on ne parle plus, car presque tout le monde semble penser à autre chose....
Article au format PDF pour mieux comprendre ce qui se passe en Iran.« Iran »
Article au format PDF « Quelle image avez-vous de Bogota ?»
Rapport de mision 2008 sur le Kosovo 1,500 Mo « Le Kosovo aujourd'hui »