Voici notre premier numéro de "Regards Croisés" consacré à « La Colombie en sursis ». Avec un souci éditorial qui anime notre premier journal et les suivants : aller au delà de l’actualité pour proposer une lecture du monde non pas angélique ou naïvement rassurante, mais qui ne prendrait plus la partie pour le tout. Ainsi les conflits armés internes ou internationaux et leurs origines avec en ajout la complication du « terrorisme » occupent- ils une large place dans le paysage de notre information, mais il existe aussi des sorties de crises ou de guerres, porteuses d’espoirs. Nous n’en sommes pas les inventeurs, puisque des exemples récents l’illustrent : En février 2007, le gouvernement Malien et les rebelles Touaregs ont signé un accord de paix à Alger ; idem en ce qui concerne le courage exemplaire des Communautés de Paix en Colombie qui luttent chaque jour pour faire respecter le Droit International Humanitaire, au risque de leur vie. Nous vous emmenons en reportage en Colombie, où des processus de paix sont à l’œuvre.
Nous ne voulons pas donner l’illusion d’information. L’analyse proposée est à chaque fois recoupée avec d’autres informations de sources sûres, pour assurer la qualité et la crédibilité de notre journal. Ce « Regards Croisés » est un défi, assuré pour l’instant par notre contribution financière personnelle et nos convictions. Aborder l’événement à contre-courant, nourrir notre réflexion sur les sociétés plurielles et rendre tout ceci interactif est notre message essentiel. Parce que nous sommes des hommes qui croient en la paix. Comme l'indique le préambule de l'Unesco « c'est dans l'esprit des hommes que naissent les guerres, c'est dans leur esprit qu'il faut ériger les défenses de la paix ». Nous espérons que notre journal sera un outil pour y arriver avec vous.
La Cémac dénonce les "tentatives de déstabilisation" du Tchad et de la RCA
Les chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac) ont condamné mercredi à N'Djamena "les tentatives de déstabilisation" du Tchad et de la Centrafrique, dans une déclaration dont l'AFP a obtenu une copie. Source : AFP
Plusieurs bombes explosent au Bangladesh : pas de victime
Plusieurs bombes de faible puissance ont explosé mardi dans trois gares ferroviaires du Bangladesh, dont une dans la capitale Dacca, mais sans faire de victime, a-t-on appris de source policière. "Les bombes ont explosé à environ 07H00 (01H00 GMT). Elles ont provoqué la panique mais personne n'a été blessé", a indiqué un responsable de la police à l'AFP. Source : AFP
L'Iran a un "rôle important à jouer" en Irak (ambassadeur américain)
L'Iran a un "rôle important à jouer" en Irak, a estimé lundi l'ambassadeur américain aux Nations unies et ancien ambassadeur à Bagdad, Zalmay Khalilzad. "L'Iran a un rôle important à jouer en fournissant un appui au gouvernement" irakien, a dit M. Khalilzad en évoquant la conférence des 3 et 4 mai sur l'Irak, à Charm el-Cheikh, en Egypte. Source : Le monde
Brésil : des barrages menacent les Indiens
Alors que le Brésil célébrait hier, jeudi 19 avril, la "journée nationale de l’indien", de nouveaux barrages menacent la vie de tribus indiennes isolées. Sur le fleuve Juruena, un projet pharaonique de construction de 11 barrages menace directement la survie de 6 communautés, dont celles des Enawene Nawe, une tribu contactée pour la première fois en 1974 et qui compte environ 420 personnes. Source : Survival International France
Un Grand pas vers la paix au Mali
Dimanche 20 février 2007, le gouvernement malien et les rebelles touaregs ont débuté des pourparlers. Un accord de paix à Alger a été finalement signé. Des négociations avaient été après que l’Alliance Démocratique du 23 mai 2006 aient tué six soldats lors d’attaques contre des casernes militaires à Kidal et Menakal. L’organisation rebelle souhaitait exprimer de fortes revendications : autonomie et développement dans le nord du Mali. Ces accords stipulent que les touaregs renonceront à l’autonomie de leur région. Bamako devra mettre établir un plan d’action concret en faveur du développement dans le nord du pays.
Plusieurs militaires Marocains envahissent le Sahara
Le Maroc a décidé de renforcer ses troupes le long de la frontière algérienne dans le Sahara. 3000 hommes viendront donc s’ajouter aux 600 déjà sur place, afin de lutter contre un trafic d’armes avéré transitant via la frontière algérienne. L’armée s’est donc déployée dans les environs de Ouarzazate, Zagora et Errachidia.
Près de 600 arrestations lors d'une manifestation
Près de 600 manifestants, dont plusieurs responsables syndicaux, ont été interpellés par les forces de l'ordre lors des défilés marquant la fête du travail à Istanbul, ont annoncé les organisateurs. (mardi 1 mai 2007) Source : France 24
1ère démission dans le gouvernement Olmert
Eitan Cabel, ministre sans portefeuille du gouvernement d'Ehud Olmert, démissionne, suite aux conclusions du rapport d'enquête sur la guerre au Liban. M. Olmert refuse, lui, de quitter son poste. Source : Reuters
Nigeria : six étrangers, dont un Américain et quatre Italiens, kidnappés
Six étrangers, dont quatre Italiens et un Américain, ont été enlevés mardi matin dans l'attaque d'une installation pétrolière de Chevron au sud du Nigeria, après une accalmie de près d'un mois dans cette région hautement instable. Dans un communiqué, Chevron a précisé que sa plate-forme FSO (Floating Storage and Offloading) d'Oloibiri, au large de l'Etat de Bayelsa, avait été attaquée par des hommes se réclamant du Mouvement d'émancipation du delta du Niger (MEND), le principal mouvement séparatiste de la région. Source : AFP
Irak : rumeurs sur la mort du chef de la branche irakienne d'al-Qaïda
Le gouvernement irakien enquêtait mardi sur des informations selon lesquelles le chef présumé d'al-Qaïda en Irak, Abou Ayoub al-Masri, aurait été tué. "Nous avons reçu des renseignements selon lesquels des combats ont opposé des membres d'al-Qaïda. Al-Masri aurait été liquidé à cette occasion. Nos forces n'ont rien à voir avec cela. Ces informations doivent être confirmées, mais elles sont crédibles", a déclaré le général Abdel Karim Khalaf, porte-parole du ministère de l'Intérieur, sur la chaîne publique Iraqia. Source : AFP
Amnesty international accuse la Chine
A plus d'un an des jeux Olympiques de Pékin, les autorités chinoises ont adopté une "ligne dure" pour réprimer toute velléité de dissidence pacifique, affirme le rapport annuel d'Amnesty international. Source : Reuters
Chavez annonce le retrait du Venezuela du FMI et de la Banque Mondiale
Le président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé lundi la décision du Venezuela de se retirer de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International en les qualifiant de "mécanismes de l'impérialisme" destinés à exploiter les pays pauvres. "J'annonce notre sortie de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International. Ils doivent nous rendre les fonds", a déclaré Hugo Chavez dans un message transmis par la télévision nationale. "Il vaut mieux que nous sortions avant qu'on nous ait pillés", a ajouté le président vénézuélien", lors d'une adresse à la nation à l'occasion de la Fête des travailleurs. Source : AFP
Hausse de 40% des victimes civils du terrorisme en 2006
Le terrorisme a fait plus de 20.000 morts en 2006 dans le monde, soit 40% de plus que l'an dernier. Une hausse en grande partie due au conflit irakien. Source : France 24
Esclavage au Ghana
Malgré l’interdiction du travail des mineurs adoptée en 2005, des enfants sont encore vendus par leurs parents aux pécheurs et réduits en esclavage sur les rives du lac Volta au Ghana. Source : France 24
Levée de l'embargo sur les diamants du Libéria
Le Conseil de sécurité de l'ONU a levé vendredi son embargo sur les diamants du Liberia, compte tenu de progrès effectués par ce pays dans le domaine de la certification des pierres. Le Conseil a adopté, à l'unanimité de ses quinze membres, une résolution à cet effet qui avait été déposée par les Etats-Unis. Peu après, l'ambassadeur du Liberia à l'ONU, Nathaniel Barnes, a annoncé la prochaine admission de son pays au sein du Processus de Kimberley, un système international de certification destiné à identifier l'origine de chaque pierre et garantir qu'elle a été exportée légalement. Source : AFP
Fernand Meunier, spécialiste de la Colombie au sein d’Amnesty international France, nous livre sa vision du pays. Il a récemment publié un livre :« Périples en Colombie, des Caraïbes à l’Amazonie » en partenariat avec Amnesty International. Par ailleurs, il est auteur de diverses publications et assure de nombreuses conférences-débats, tant au niveau du grand public qu’au niveau scolaire (primaires, lycées et universitaires) sur la problématique des conflits armés, des violations des droits humains et de la Colombie.
Vu de l'extérieur, la Colombie est un pays ravagé par le narcotrafic et la violence, et qui accumule de tristes records mondiaux :
• C’est le plus grand producteur mondial de cocaïne – avec un accroissement de la production d’héroïne ;
• On y pratique l’enlèvement plus que partout dans le monde : au début 2004, on estime à plus de 3 500, le nombre d’otages en Colombie ;
• C’est là que le plus grand nombre d’enfants, après la République Démocratique du Congo et le Myanmar, sont enrôlés dans les mouvements armés : le nombre d’enfants soldats est de 11 000 ;
• Au cours des vingt dernières années, plus de 70 000 personnes ont été tuées, des civils dans leur grande majorité ;
• Plus de 4 millions de Colombiens vivent en exil ;
• Plus de 3 millions de personnes, fuyant les zones de combat, sont déplacées dans le pays ;
• C’est en Colombie aussi, que le nombre de syndicalistes et de journalistes assassinés est le plus élevé au monde.
Terre de contrastes aux paysages les plus divers, la Colombie se caractérise par trois cordillères andines qui culminent à plus de 5 000 mètres, les vastes plaines du Magdalena et du Cauca, les profondes forêts amazoniennes et les llanos (grandes étendues herbeuses ponctuées d'arbustes). Les fleuves sont souvent les uniques voies de communication. Ouverte au Nord sur la mer des Caraïbes, à l’Ouest sur l’océan Pacifique, la Colombie s’étire jusqu’à l’Amazonie et l’hémisphère Sud. Son agriculture (café, fleurs coupées, bananes) y est très productive et ses ressources naturelles (nickel, émeraude, or, pétrole…) abondantes.
Avec ses 45 millions d’habitants, soit une densité de 34 hab/km² pour une superficie de 1 141 768 km² (la France compte 110 hab/km² pour une superficie de 547 026 km²), la population colombienne, d’origine amérindienne, européenne et africaine, a la particularité d’être très métissée. Majoritairement urbaine, elle est inégalement répartie sur l’espace national.
Je suis allé trois fois en Colombie. Les deux premières fois en octobre 2003 et 2004 avec une délégation du Comité de solidarité avec les Communautés du Bas Atrato, anciennement appelé « les Communautés de Paix », en tant qu’observateur d’Amnesty. La troisième fois, en août 2005, afin de répondre à une demande du diocèse de Quibdó, dans le Chocó. Pour rendre compte de la situation des déplacés afro-colombiens et de leur retour difficile sur le rio Buey. Pour rencontrer les diverses communautés indigènes et métisses vivant aux alentours de la route de El Carmen de Atrato en direction de Medellin. Ensuite, je suis allé en Amazonie à la limite de la Colombie, du Brésil et du Pérou, afin d’analyser l’impact du conflit en comparaison à ce qui se passe dans le Chocó. J’y étais avec un ancien guérillero du M19, président de l’ONG « COMPAZ » à Bogota. De plus, je tenais à tout prix à témoigner, à rendre compte. Grâce à deux appareils photos numériques, je cherchais à capturer un maximum d’images pour témoigner à ma manière, car un reportage photographique me semble le moyen idéal pour rendre compte, en plus de mes notes.
J’allais dans un ailleurs qui n’était pas mon monde, loin de tout repère occidental. Le contexte colombien continue à être dominé par le conflit armé interne, qui n'a pas véritablement cessé depuis 1965, et par l'atteinte grave et permanente aux droits humains dans toutes leurs dimensions.
Parmi les forces en conflit, les groupes paramilitaires - apparus dans les années 80 et composés d'environ 20.000 hommes - se montrent de plus en plus inquiétants. Porteurs d'une idéologie et des intérêts économiques liés aux milieux de l'extrême droite, ils occupent chaque jour davantage de terrain. Ils commettent régulièrement des assassinats de leaders syndicaux et populaires. Racket et commerce de la drogue constituent leurs ressources. Des membres des forces paramilitaires sont aussi soldats des forces armées régulières. En juillet 2003, le gouvernement et les AUC (Autodéfenses unies de Colombie) ont signé un accord prévoyant la démobilisation des forces paramilitaires d’ici la fin 2005. Les négociations ont duré deux ans et demi. Elles ont abouti à la loi très controversée dite de « Justice et Paix », adoptée en juin 2005. Le Gouvernement a négocié de façon unilatérale avec les paramilitaires. Les victimes, les partis politiques et les représentants de la société civile n’ont pas été écoutés. Aussi cette loi ne garantit pas la vérité sur les exactions mais favorise, par contre, l’impunité.
Les paramilitaires démobilisés ont ainsi la possibilité d’entrer en politique. Lors des élections législatives de mars 2006, de nombreux élus se sont révélés très proches des paramilitaires. Les menaces et les assassinats des dirigeants de l’opposition se sont accrus pendant cette période. On attribue aux paramilitaires plus de 2 300 meurtres et « disparitions » depuis leur proclamation unilatérale d’un cessez-le-feu en décembre 2002. De forts éléments de preuve existent par ailleurs, qui indiquent que les structures paramilitaires sont toujours en place depuis la « démobilisation » et que de nombreux paramilitaires démobilisés se sont « recyclés », principalement en tant qu’agents de renseignement ou de sécurité payés par l’Etat.
Par ailleurs, les mouvements de guérillas, issus de l’extrême gauche (FARC et ELN), commettent aussi bon nombre d’atrocités. Ils frappent toutes les couches de la population, spécialement les membres de communautés qui refusent de s’impliquer dans la guerre, leurs responsables, les dirigeants syndicaux, les défenseurs des droits humains, les journalistes, les juristes...
Dans certaines régions rurales, la population civile est prise entre deux feux. Elle vit dans un climat de terreur constant (assassinats, massacres, disparitions, viols, etc.) et doit quitter ses terres.
Les forces de la guérilla sont davantage repliées dans les maquis. Egalement constituées de près de 15.000 hommes en arme, les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et dans une moindre mesure l'ELN (Armée de libération nationale) (5.000 hommes) vivent de l'enlèvement d'otages libérés sur rançon, de l'impôt « révolutionnaire » et d'une forme de taxation des cultures de coca et de pavot. De moins en moins porteuses et représentatives du combat pour l'émancipation des classes populaires, elles rentrent aujourd'hui davantage dans des logiques de survie et d'autoreproduction.
La Colombie est en guerre depuis des décennies. Le conflit n’existe que pour préserver des intérêts économiques. La guerre est une stratégie contre insurrectionnelle qui permet d’éliminer les acteurs des droits sociaux et économiques. Tous les groupes armés tirent profit du détournement des différentes ressources du pays ( pétrole, charbon, or, émeraudes) et d’une économie mafieuse liée à la drogue.
Ceux qui en paient le prix fort sont les civils.
Là bas, en Uraba, en limite du Panama, je pénétrais dans une zone hors du commun, entre ciel et eau, dans un lieu intemporel, presque hors du monde. Cet espace rappelle l’ambiance d’un roman de Garcia Marquez : absence d’état, milieu hostile, hors du temps, coin ignoré des colombiens où semble se conjuguer toutes les exactions possibles et les expériences les plus folles. Un lieu où l’impossible peut être possible…
Ces populations civiles vivent toujours dans un contexte de guerre, prises en tenailles par la guérilla et par l’armée régulière aidée des paramilitaires. Ces communautés villageoises sont voisines entre elles, mais leurs relations sont rendues difficiles du fait qu’il n’existe pas de voie de circulations terrestres. La jungle et la mangrove font obstacle et le fleuve Atrato et ses divers affluents sont les seules voies de circulation sur ce vaste territoire avec des pirogues ou des bateaux à moteur. L’armée impose aussi des blocus sur le fleuve. Les indigènes, de l’ethnie Embera, sont aussi fort présents dans cette région et vivent en bon terme avec les afro-colombiens, descendants des esclaves noirs, amenés d’Afrique lors de la conquête espagnole.
En 1997, la présence importante de la guérilla (les FARC) dans le bassin de l’Atrato a permis de justifier une intervention militaire appuyée par les paramilitaires. Considérés comme complices de la guérilla, les villageois ont été non seulement chassés de leur terre, mais bombardés et assassinés par les paramilitaires et l’armée. Cette stratégie reprend ce qui est écrit dans les manuels militaires : « la guérilla est le poisson et la population civile, l’eau. Pour tuer le poisson, on doit d’abord assécher l’eau… ».
Quelques mois plus tard, un processus de retour sur leur terre a été mis en place avec l’aide d’ONG locales et de l’Eglise.
L’élément fondateur de ces communautés est le principe de distinction, pilier du Droit International Humanitaire (DIH). Etabli par les Conventions de Genève à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour protéger les populations civiles dans les conflits, le DIH condamne toute attaque contre les civils et impose aux parties au conflit de marquer systématiquement la distinction entre civils et combattants. Seuls les combattants peuvent faire l’objet d’attaques. Ce principe de distinction découle plus précisément du 4e protocole des Conventions de Genève du 12 août 1949. Les protocoles additionnels du 8 juin 1977 ont renforcé cette protection des populations civiles.
En accord avec les parties au conflit, les communautés du Bas Atrato vont utiliser ce principe de distinction en s’engageant à ne pas porter d’armes, ne pas donner de soutien, ni d’information aux belligérants. En retour, elles exigent que les différentes parties respectent les limites de leur territoire et respectent leur droit à la vie, leur statut de civils et leur décision de ne pas participer ni collaborer avec aucune des parties au conflit. La communauté internationale se doit de rappeler à l’Etat colombien les engagements qu’il a contractés en signant et ratifiant les dites conventions de Genève.
L'expérience des Communautés de Paix a donné naissance à une organisation régionale, ASCOBA. Cette organisation a été créée en 2003 pour défendre le respect de la diversité ethnique des populations noires et leur droit à vivre sur leurs territoires. Elle réunit les différentes communautés en résistance du Bas Atrato, dont les communautés de paix. ASCOBA rassemble aujourd'hui 56 communautés – ce qui représente plus de 15.000 personnes - organisées en conseils communautaires. Par ailleurs, de multiples communautés existent dans le Choco et dans toute la Colombie, qui ne veulent pas s’impliquer dans le conflit et qui entrent en résistance pour la reconnaissance de leurs droits fondamentaux.
Nous pouvons faire pression sur l’Etat colombien, afin qu’il applique ce Droit International Humanitaire. Par ailleurs, les acteurs armés sont très sensibles aux critiques et recommandations d’Amnesty et des autres ONG quand ce droit est bafoué.
jeudi 5 avril 2007
La Paix, une recherche continuelle.
Au cours de l’histoire, les hommes ont eu beaucoup plus d’imagination pour faire la guerre que pour s’entendre. Aujourd’hui ce sont surtout les ONG et les institutions internationales qui ont pour mission de "pacifier" les zones de conflits.
Instaurer une paix durable, assurer la sécurité alimentaire et l’aide de nécessité sont plus difficiles à concrétiser qu’une guerre. La réflexion sur les moyens de parvenir à la paix fait figure de parent pauvre. Qu’est ce que la paix ? L’absence de conflit, une simple pause « entre deux guerres », ou l’état naturel d’une société dont la guerre, éclat désastreux, viendrait rompre la normalité ? L’histoire a connu des modèles de paix plus ou moins stables et durables, selon les époques et les régions. L’empire en est un. Il suppose l’existence d’une puissance particulièrement forte. Celle-ci doit se doter d’une capacité juridique et administrative permettant l’encadrement efficace, et parfois accepté, des peuples soumis. La paix peut aussi reposer sur l’équilibre précaire entre les puissances. Fondée sur le jeu des alliances, cette stratégie occupa la diplomatie des états européens pendant la plus grande partie du 19 e siècle.
La tendance actuelle est de s’en remettre aux organisations internationales (ONU, OSCE…) pour assurer un climat d’apaisement. Le pacifisme abandonne le terrain de l’utopie et se concrétise dans une multitude de chantiers locaux. De nombreuses ONG, les plus efficaces n’étant pas toujours les plus célèbres, travaillent en profondeur sur des dossiers très précis, qui concernent surtout l’apaisement de conflits civils : reconversion des guérillas en Colombie, apprentissage de la citoyenneté dans les bidonvilles d’Amérique Latine.
La paix reste, tout de même précaire, dans ses conceptions comme dans sa mise en action. Les ennemis d’autrefois, militaires et civils, s’épaulent dorénavant sur les théâtres de conflits. Conquérir la paix passe par l’aide d’urgence, assuré par les ONG. Avant de résoudre les problèmes à long terme, il reste des efforts à faire. ONG et institutions internationales ne sont toujours pas l’abri de reproches. Leur évolution peut être bloquée sur la scène internationale.
Qui a anathématisé la Colombie ?
Comment comprendre les causes plus profondes de la violence en Colombie ? La Colombie est une nation où les inégalités criantes ne peuvent qu’attiser la révolte. La violence est alimentée aussi par le jeu du pouvoir et de la répression.
La compagnie Coca-Cola est mise au banc des accusés. On accuse la multinationale d’avoir assassiné une dizaine de syndicalistes, de pair avec les paramilitaires. Mais plus encore, les paysans et les paysannes colombiennes sont forcés de quitter leur terre. Les ressources pétrolières convoitées seraient à la source des pires atrocités commises contre les populations civiles. Les syndicalistes étasuniens déplorent les nombreux méfaits de l’armée colombienne et des paramilitaires, accusées du plus grand nombre et des pires atteintes aux droits humains en Colombie. Paradoxalement, le Plan Colombie a financé ces deux groupes, au tournant des années 2000, au nom de la « guerre au narcoterrorisme ».
La justice sociale est une condition essentielle à la paix. « L’état de droit est ébranlée par les paramilitaires infiltrés au sein des institutions d’état » désapprouve Amnesty International. Craignant d’être extradés vers les Etats-Unis pour trafic de drogue, après avoir été démobilisés, les chefs paramilitaires effrayent les élites du pays. Les trafiquants menacent de révéler toutes les connivences dont ils ont bénéficié au sein de l’état, des élites économiques et de l’armée.
Une Colombie en sursis, qui ne voit pas la fin d'un tunnel de peur. Les négociations de paix ne sont encore qu'un rêve. Mais les Colombiens sont avides de connaître la vérité historique sur les exactions, provoquées par les groupes armés légaux et illégaux d'extrème droite comme d'extrème gauche, subies par le pays depuis quatre décennies, afin que l'impunité ne régne pas et que justice soit faite. Ce sont déja les conditions pour arriver aux prémices de la paix.
La fable de Pablo Escobar
Tout le monde connaît Pablo Escobar, le célèbre narcotrafiquant colombien, mais qui peut nommer ne serait-ce qu’un seul trafiquant américain ? Les États-Unis sont les principaux consommateurs de la cocaïne colombienne. On n’a d’autres choix que de prendre acte des ambitions impérialistes des États-Unis et ainsi remettre en question le concept même de « guerre à la drogue ».
ATLAS Colombie :
Chef d’état : Alvaro Uribe
Superficie : 1 140 000 km2
Population (hab.) : 46,8 millions
Croissance (2005) : 5%
Chômage (2005) : 11,8%
Monnaie : peso colombien (0,0003335 euros)
Au terme d’un premier mandat marqué par le recul des indices de violence et le retour de la croissance., Alvaro Uribe a été réélu en mai 2006 avec 61% des voix obtenues, dés le premier tour des élections présidentielles. Dans une Amérique Latine qui a basculé à gauche, la Colombie confirme son ancrage à droite et son alignement à Washington. Mais le deuxième mandat d’Alvaro Uribe s’annonce plus difficile. Au Congrès, le président a du mal à mobiliser la majorité. Le scandale concernant les liens ente la classe politique et les paramilitaires d’extrême droite éclabousse plusieurs de ses proches. Selon les chiffes officiels, les homicides ont diminué de 40 % entre 2002 et 2006, les enlèvements de 73%. Mais la guérilla est loin d’être défaite : elle détient toujours des milliers d’otages, et des groupes paramilitaires font leur réapparition.
Après avoir accepté de démobiliser leurs groupes (31 000 combattants auraient déposé les armes) et de se livrer à la justice, les chefs paramilitaires attendent d’être jugés. Craignant d’être extradés vers les Etats-Unis, qui les réclament pour trafic de drogue, ils menacent de révéler toutes les connivences dont ils ont bénéficié au sein de l’état, des élites économiques et de l’armée.
Alvaro Uribe peut se targuer d’avoir rendu confiance aux investisseurs : l’investissement direct étranger a quasiment triplé au cours de son premier mandat, passant de 953,2 millions d’euros à 2,8 milliards d’euros. La reprise économique tient aussi à la flambée des cours du pétrole et à la faiblesse des taux d’intérêts. La croissance, qui a été de 5% en 2005 dépasserait les 6%. La construction et le secteur financier ont été particulièrement dynamiques. L’inflation est contenue (4,5%), les largesses de la politique budgétaires et monétaires ont été compensées par une forte augmentation des importations. Malgré les cours élevés des matières premières exportées et les transferts de fons effectués par les migrants, la balance des paiements est restée déficitaire. Le chômage ne cède que lentement (11,7%) et le sous emploi concerne plus de 30% de la population.
Plus inquiétant encore, la priorité donnée par le gouvernement Uribe à la lutte armée contre les mouvements insurrectionnels s’est faite au détriment de l’investissement social et éducatif. La forte croissance que connaît le pays s’accompagne d’un creusement des inégalités.
La réforme promise en matière fiscale n’a débouché, en novembre, que sur quelques ajustements et la création d’un nouvel impôt sur le patrimoine pour financer l’effort de guerre.
Les négociations en vue d’un traité de libre échange avec Washington ( TLE) ont officiellement été conclues en mars, sans provoquer ni remous, ni fortes mobilisations sociales qu’ont connus les autres pays de la région. L’accord a finalement été signé en novembre.
L’arrivée d’une majorité démocrate à Washington pourrait en compliquer la ratification. L’aide militaire attribué à la Colombie - quelque 530 millions d’euros par an - pourrait également se trouver compromise. Le pays andin continue d’exporter 800 tonnes de cocaïne par an et les violations des droits de l’homme y demeurent largement impunies.
M.Ds, le Monde.
LA PRESSE "OBJECTIF MILITAIRE" : Les groupes armés contre la liberté de la presse
Enquête : "Réseau RSF"
Régis Bourgeat, Reporters sans frontières, et Iván García, Instituto Prensa y Sociedad
Rapport de mission en Colombie - 22 au 30 octobre 2001
Introduction : les nouveaux ennemis déclarés de la liberté de la presse
Le processus de paix engagé par le gouvernement avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) s’est accompagné d’une radicalisation de l’attitude des groupes armés à l’égard de la presse. D’abord des paramilitaires, désireux d’être invités à la table des négociations. Puis de la guérilla qui a reproché aux médias de saboter le processus de paix par sa couverture des négociations.
Si les groupes armés ont depuis toujours attaqué la presse, la situation s’est encore dégradée. Après les narcotrafiquants dans les années 1980 et 1990, ils apparaissent comme les nouveaux ennemis déclarés de la liberté de la presse. La guerre qui oppose les Autodéfenses unies de Colombie (AUC, paramilitaires) aux guérillas des FARC et de l’ELN (Ejército de Liberación Nacional, Armée de libération nationale) est également une guerre de l’information. "Je ne peux pas accepter que le journalisme devienne une arme au service de l’un des acteurs du conflit", a expliqué Carlos Castaño, le chef des AUC pour justifier les assassinats de journalistes. Si ce groupe armé est aujourd’hui le plus dangereux pour les professionnels de l’information, les groupes de Manuel Marulanda, le leader des FARC, et de Nicolas Rodríguez Bautista, chef militaire de l’ELN, ont également déclaré "objectifs militaires" les journalistes.
Les exemples des départements du Nariño ou du Caqueta montrent que dans les régions disputées ou contrôlées par ces groupes, la presse indépendante n’existe pratiquement plus. Une situation d’autant plus tragique que narcotrafiquants, hommes politiques, fonctionnaires corrompus ou membres des forces de l’ordre hostiles à la presse continuent de s’en prendre aux professionnels de l’information. Aujourd’hui, le bilan est lourd : une quarantaine de journalistes tués au cours des dix dernières années, une cinquantaine séquestrés depuis 1999 et près d’une trentaine d’autres contraints à l’exil.
Une délégation de Reporters sans frontières (RSF) et de l’Institut presse et société (Instituto Prensa y Sociedad, IPYS) , deux organisations membres du Réseau RSF , s’est rendue en Colombie du 22 au 30 octobre 2001 pour enquêter sur les conditions de travail des journalistes et sur l’impunité dont bénéficient les auteurs d’assassinats de professionnels de l’information. Cette délégation a rencontré une cinquantaine de journalistes, directeurs des médias et défenseurs de la liberté de la presse. Elle a également pu rencontrer des représentants du gouvernement pour faire le point sur les initiatives prises par ce dernier, ainsi que le président Andrés Pastrana pour lui faire part de ses observations.
Recommandations
IPYS et RSF recommandent
1 - au gouvernement : d’adopter une réforme de la justice permettant de juger les assassins présumés en appel à Bogotá, hors d’atteinte des pressions locales,
d’augmenter les moyens alloués au Programme de protection des journalistes afin qu’il soit en mesure de proposer aux professionnels de la presse une protection sur place et de garantir ainsi l’exercice du journalisme dans une plus grande partie du territoire.
De tout mettre en œuvre pour que les résultats des enquêtes de l’INPEC sur l’enlèvement, en mai 2000, de Jineth Bedoya et sur l’évasion, en septembre 2001, de Carlos Alberto Oviedo, soient publiés dans les meilleurs délais.
2 - à la communauté internationale d’apporter son soutien financier au Programme de protection des journalistes et à la lutte contre l’impunité.
3 - à la CNTV de ne pas donner suite à son projet de réglementation visant à interdire la diffusion d’images des membres des groupes armés ou d’organisations criminelles ou celles "portant atteinte aux droits de l’homme".
4 - à la presse de se mobiliser pour défendre la liberté de la presse : en suivant de près les enquêtes et les procès sur les assassinats de journaliste, en particulier sur le cas de Luz Amparo Jiménez Payares, dont le procès est actuellement en délibéré, et sur celui de Jaime Garzon, dont les conclusions d’enquête devraient bientôt être rendues publiques.
en soutenant l’action de la FLIP, soit dans ses colonnes, soit financièrement.
Dans un ailleurs terrestre, au cœur du département du Chocó, en Colombie, Fernand Meunier nous fait partager quelques extraits de son livre et de ses témoignages.
Vu d’avion, le département du Chocó (un territoire de 46 530 km²) est entièrement composé d’une immense forêt tropicale humide. Elle renferme une énorme quantité de richesses naturelles telles que l’or, le platine, le cuivre, le pétrole, plusieurs essences de bois précieux, ainsi qu’une vaste quantité de plantes médicinales. La forêt du Chocó est l’endroit où la biodiversité est la plus importante au monde. Il s’agit d’une région stratégique significative, où les intérêts sont différents selon les acteurs armés : exploitation des ressources forestières et minières, cultures intensives (palme africaine), cultures de coca permettant de financer le conflit.
Tous les villages sont établis en bordure des fleuves. Quibdó, enclavée dans cette forêt tropicale, est la capitale du Chocó avec 120 000 habitants. L’implication des civils dans le conflit est sans cesse encouragée. Ils sont victimes du blocus économique, des massacres, des disparitions, des prises d’otages, des séquestrations, de l’occupation des écoles et des lieux publics. Les acteurs armés violent ainsi le principe de Distinction du Droit International Humanitaire. La fuite, l’expropriation et les violations des droits humains sont le lot quotidien des habitants de la région, otages de ces affrontements. 40% des personnes vivant actuellement au Chocó ont été déplacées et Quibdó accueille à présent 18 000 victimes du conflit.
La mine de cuivre, à Saravena, près de El Carmen de Atrato.
Lors de ma venue, un mineur (Julio Hernando Jimenez Vargas) a été tué par un effondrement de la voûte. Les mesures de sécurité sont inexistantes et les conditions de travail rappellent curieusement « Germinal » de Zola. Les mineurs sont très touchés par la silicose. Les plus atteints sont mis en surface avec un salaire très amoindri. Les menaces de fermeture de cette mine sont fréquentes lors des grèves. Par ailleurs, la police imposent des restrictions alimentaires aux civils de peur que ceux –ci ne donnent leur nourriture à la guérilla très proche. Une rencontre avec les leaders de diverses associations et de syndicats a été organisée. Avant de retourner à Quibdó, par cette route périlleuse, nous sommes hébergés par les indiens « Embera des montagnes » et assistons à diverses réunions, où les doléances sont fort nombreuses.
Le rio Buey
Le lendemain, je pars en pirogue. Nous allons rendre visite à des communautés afrocolombiennes, sur le rio Buey, affluent de l’Atrato. Elles étaient déplacées pendant les derniers mois et ne sont revenues sur leurs terres d’origine que depuis une semaine seulement.
Sur l’Atrato, axe principal du nord au sud, l’armée, appuyée par les paramilitaires, circule, établit des postes de contrôle et reste aux embouchures des rivières affluentes. En amont, la guérilla est souvent présente. Lors de la visite d’un village, nous rencontrons des afrocolombiens plus ou moins impliqués avec elle. Un hélicoptère de l’armée survole alors ce village. Une ambiance de panique s’installe : nous craignons que l’armée tire et que la guérilla ne riposte, reproduisant quelque peu ce qui est arrivé à Bojaya en 2002. Les civils, réfugiés dans une église, avaient été pris entre deux feux (les paramilitaires et la guérilla), provoquant la mort de 119 civils, dont 45 enfants, et plus de cent blessés. Sur d’autres rivières, comme sur le rio Truando, les paramilitaires occupent la vallée.
C’est au détriment des civils souvent obligés de se déplacer, sans être pris en charge par l’Etat.
Lors du retour à sa communauté, une femme découvre que son fils est atteint de la tuberculose. Aussi, elle l’a rapidement emmenée à Bété. Cet événement démontre le manque de contrôle sanitaire. Par contre, dans la deuxième communauté visitée, un petit garçon souffre d’une diarrhée aigue de second degré et une petite fille a une blessure à l’oreille. Ils ne peuvent pas être soignés car la communauté ne dispose pas d’argent pour se rendre à Bété, se loger sur place et payer le médecin. L’état de santé de nombreux enfants est assez mauvais : toux, fièvres et malnutritions. Certains en meurent.
Les habitants des zones rurales du Medio Atrato vivent dans une situation d’insécurité permanente et d’extrême précarité sanitaire et sociale. La plupart d’entre eux vivent dans des abris de fortune, qui peuvent être emportés par les fréquentes inondations. En outre, dans cette zone de conflit chronique, les paysans locaux sont des déplacés en puissance et peuvent être accusés en permanence de faire partie de l’un ou l’autre des groupes armés illégaux et donc menacés de mort par ces mêmes groupes.
Ma semaine s’achève par une réunion bilan avec Alison, ancienne bénévole à la Commission Femmes de la section française d’AI, travaille au sein de l’équipe de la Commission Justice, Vérité et Paix du Diocèse de Quibdo, le Père Jesus Alfonso, Flórez López et le Père Jesus Albeiro Parra. Impliqués en plein coeur de la vie quotidienne du Chocó, je n’en ressors pas indemne. Je ressens l’obligation de témoigner.
Conclusion :
Ces périples m’ont permis de comparer ces deux régions : l’Amazone et le Chocó, au regard de l’impact du conflit armé interne. Alors que le Chocó est une zone de collision et d’affrontements, l’Amazone est une zone de jonction et d’échanges. Les frontières communes avec le Brésil et le Pérou ainsi que l’absence de voies de communication avec le reste de la Colombie, offrent une toute autre vision, sans comparaison avec celle que j’ai eue au Chocó. Je me rends compte que la véritable valeur de mes rencontres – en plus du témoignage que je ramènerai – est qu’une présence physique dans les communautés constitue pour ces civils la reconnaissance de leur dignité de personne humaine. Dans ce contexte de grande fragmentation sociale, la plupart des habitants de l’Atrato et des barrios de Bogotá se sentent totalement « abandonnés par l’Etat ». La présence d’observateurs internationaux permet de combler temporairement cette absence et de favoriser une solution négociée du conflit.
Le départ est assez dur car les personnes m’embrassent avec des sentiments partagés : tristesse de me voir partir et joie de savoir que je vais témoigner de leur résistance civile. Ils espèrent me revoir. A ce moment là, je repense à tous ces regards embrumés, rencontrés au cours de ce voyage ; pour ma part, il m’est difficile d’être serein, puisque je rentre en France, loin de toute menace et avec une impression d’abandonner quelque peu ces personnes à leur sort…